Je ne suis pas certaine que ce genre de titre soit conforme aux règles implicites de la blogosphère (ton post entre 300 et 700 mots il fera, ton layout bien blanc il sera, de bons conseils tu délivreras et si jamais tu as un gros chagrin, et bien tu nous émouvras).
Fuck les règles.
Après tout on se gène pas pour me glisser ce genre de mots doux à l’oreille (sans consentement préalable – je précise), alors y a pas de raison.
Moi aussi je peux le dire ! Je peux même l’écrire !
« Salope », c’est ce que m’a adressé un monsieur pas plus tard que cet après-midi alors que mes tongs faisaient flop flop sur le macadam des trottoirs du 7ème. Les beaux quartiers, le soleil, une météo entre la veste sur les épaules et les sandales aux pieds, j’en étais tout à mon bonheur de la ballade ressourçante quand c’est arrivé. Rien que du très classique : le mec s’approche suffisamment près pour que tu saches qu’il s’adresse à toi mais pas trop non plus, il te glisse sa gentillesse sur un ton monocorde, pas assez fort pour que tu sois vraiment certaine de ce qu’il vient de te dire mais suffisament pour te mettre le doute, et surtout continue sa route comme si de rien n’était.
La première fois tu te dis même que tu as mal entendu.
La seconde tu commences à trouver ça chelou.
Au rythme de 2 ou 3 fois par an depuis 10 / 15 ans (pardonnez mon imprécision, je ne tiens pas des comptes très rigoureux, c’est vrai), tu ne te poses plus vraiment la question.
Un classique je te dis, qui se décline en « petite pute », « connasse » et, quand même le plus souvent, « salope ».
Remarquez, il y a la variante un peu plus recherchée mais tout aussi agréable : l’approche insultante mais sans insulte… Ça m’est arrivé il y a quelques semaines, je sortais de chez la dermatho (so sympathique), je marchais place Pigalle, je voulais atteindre le Mc Do, il était 17h00, j’avais faim, le mec m’a croisée sur le passage piéton :
« ça te dirait qu’on fasse l’amour de façon gratuite ? »
OK OK OK, je dois te l’avouer, il m’a surprise, je ne m’attendais pas à ça. Autant la première « approche » décrite plus haut est un classique, mais celle-ci, on ne me l’avait presque jamais faite.
Pas comme ça disons.
J’ai remis mon écouteur et répondu un « ouais, aller, c’est ça… » en me re-tournant dans ma direction. J’ai voulu poursuivre mon chemin. On était sur le terre-plein central, les voitures circulaient devant comme derrière, j’étais un peu bloquée alors ce gros con (oui bon, bah on se dit les choses comme elles sont aujourd’hui) a continué : « ouais, t’as dis ouais ? C’est ça, hein, t’as dit ouais ? ».
…
Je me suis un peu énervée (euphémisme).
…
Sur lui d’abord.
Et puis j’ai pris un Big Mac ET un Cheesburger pour calmer mes nerfs.
Ça a fait un gros gouter.
Ce n’était pas de trop.
Moi, bêtement, je cherche toujours des explications au pourquoi des choses : parfois, par exemple, ce sont mes sandales roses et talon de 12 qui me valent des « espèce de pute » (venant d’hommes comme de femmes, équité plutôt respectée sur ce coup là), en hiver le combo short sur collant opaque et boots récolte souvent son lot d’attentions, le jour du « faire l’amour de façon gratuite » je crois que j’avais les cheveux fraichement lavés et donc détachés (cheveux blonds qui redeviennent un peu longs, une petite brise pour donner l’effet ventilo, …) – je ne sais pas, je cherche !
Aujourd’hui semble-t-il c’était la robe, puisque 30 minutes après l’épisode « salope », un petit mec à chapeau a tapé un sprint sur la passerelle Léopold-Sédar-Senghor entre les Tuileries et Solférino : il m’a trouvé « adorable », il fallait qu’il me le dise, avec ma robe là, comme ça, « on dirait Ariane du Club Dorothée » (je cherche toujours le rapport, j’ai une robe noire à petits poids blancs dans un style rétro un peu 50’s).
Pas méchant le garçon. Compliment de merde (« adorable », le truc qui ne veut rien dire, on ne se connait pas), mais pas méchant. J’allais dire merci et continuer mon chemin, ça aurait pu être juste bien, quand il a commencé à être légèrement insistant. Pourquoi partir maintenant ? Il venait de faire l’effort, prendre son courage à deux mains, ça valait bien, quand-même, le minimum, que je lui raconte ma vie, mon âge, où je vais, d’où je viens et un café tiens, pourquoi pas un café ?
« Non, merci » n’a pas semblé suffisant puisque quand il a voulu prendre mon numéro il n’a pas compris que je ne lâche pas, « comme ça », mon 06.
« Ah ! et il faut faire quoi pour ça ? »
Que j’en ai envie… Déjà.
Je pense qu’il est retourné voir ses potes (ou qui que ce soit avec qui il était) en se disant que j’étais la dernière des salopes (tant qu’à faire, restons dans la thématique).
Je lui ai mis un gros vent il parait. La meuf pas cool quoi…
Mec, sérieux, si tu savais !
xxx
Image : Marianne Fenon (Marche des salopes – Paris – 28 Septembre 2013)
9 Comments
:/
Deux vidéos pour le moral
http://www.youtube.com/watch?v=N04STnLLkCk
http://www.dailymotion.com/video/x2fxjc5
Ah ah génial, j’adore le coup avec la madre !! Et tes vidéos ont le mérite de rappeler que c’est honteusement universel.
Merci 🙂
L’émission de télé décourage certainement les plus lâches d’entre eux de continuer. Ce fléau est universel et malheureusement pas une nouveauté. Il y a presque 20 ans, j’entendais le premier « salope » lors d’un passage à Paris. La chevelure blonde si elle n’est pas solidement camouflée sous une capuche attire les remarques les plus désagréables. Alors, honteusement, j’avoue avoir à la longue cédé à la pression et avoir modifié la manière de m’habiller pour avoir la paix. Je me fais plaisir quand je suis accompagnée. Après, qui serais-je pour critiquer le burkini, quand moi même j’ai fini par me soumettre ? Comment pourrions-nous faire réagir ? Peut-être avec une action commune de bloggueuses…
Je n’ai encore jamais modifié ma façon de m’habiller selon ce genre de critère et j’espère que ça continuera d’être le cas, mais je comprends tout à fait ce que tu dis car, en revanche, il m’est déjà arrivé de me dire « au moins, dans cette tenue, je serai tranquille ».
Comment faire réagir, je ne sais pas. Malheureusement je ne suis pas sûre que les premiers concernés lisent un jour ces quelques lignes.
Mais d’une certaine façon continuer de témoigner, relayer les témoignages, permet de montrer que le sujet est toujours là et donc, au fur et à mesure que les pouvoirs publics s’en emparent. Je lisais récemment sur twitter qu’une mairie avait affiché des illustrations du projet crocodile rappelant que le harcèlement de rue (injure ou attouchements) est sévèrement puni par la loi (amende et possible prison). Dé-normaliser l’injure, ça serait déjà bien (comme je l’écris dans ce billet, ça concerne hommes et femmes car je me suis déjà copieusement fait traiter de pute par des femmes et même une femme relativement âgée)…
y’à vraiment des gens qui ont des problèmes ! à croire que maintenant il est inconcevable que quand tu poses une question ( veux tu prendre un café/ me filer ton numéro) on puisse se voir opposer un « non » c’est dingue c’est tout l’intérêt d’une question d’avoir une réponse.
Quant aux insultes , aux « compliments » ( t’es bonne , tu me fais bander ) que dire qui n’est déjà été dit … je pense qu’il y a malheureusement plusieurs type de relou : ceux qui sont franchement malveillants et stupides ( pensent ils sérieusement qu’une fille qu’ils insultent va rentrer avec eux? non ils cherchent juste à être méchants ) et justes débiles qui ne se rendent pas compte qu’ils sont flippants à nous ( je m’inclus dans la situation l’ayant déjà subie ) suivre, insister … dans les 2 cas à aucun moment il ne s’agit de drague ils ne peuvent pas ne pas êtres conscients de la vacuité de leur quête c’est impossible .
pour revenir sur un sujet plus léger , t’étais en tong hier? punaise y a un micro climat dans le 7 ième parce que dans le 20 ième moi j’ai eu froid ! ( j’en veux beaucoup à Monsieur météo ce sale menteur !)
Parfois je me dis qu’on ne sait plus se parler, communiquer, en tous cas pour les mecs qui ne sont pas foncièrement malveillants, eux je laisse tomber en général (sauf quand vraiment ils insistent comme le mec du « faire l’amour de façon gratuite » qui en plus ne lâchait pas l’affaire).
Et, oui!, « tongs4ever ». J’avais une veste certes, mais impossible pour le moment de remettre des chaussures fermées. Je résiste ! Mais si je pouvais je crois que je ne mettrais que ça à mes pieds 365 jours par an 😉
Comme d’hab’, très bien écrit ! On devrait faire un webzine … non, attends, soyons plus ambitieuses / rêveuses, un magazine, un vrai, avec des articles du genre ! Voilà, ça ce serait top ! 😉
(Petit truc pour les mecs relous qui demandent un 06. Perso, quand j’y pense, je file celui d’un ex en disant « j’ai pas mon tel sur moi, je suis pressée, je dois y aller » … dans le doute où ils veulent appeler pour vérifier)… attention, ne marche pas sur tous les spécimens. Celui qui a son tel dans la main par ex, à éviter parce qu’à coup sûr, il souhaitera vérifier sur l’instant. 😉
Mais merci BEAUCOUP !
Carrément ça serait top !! Moi je veux bien rêver à ce genre de trucs avec des gens dont j’apprécie la plume 🙂
Alors, en général je file un faux num (parce qu’on ne va pas se mentir, je n’ai pas la mémoire pour retenir le numéro d’un ex.) mais là le côté tellement sûr de lui du mec
« Ce qu’on va faire, je vais prendre ton numéro
– Bah… non »
C’est sorti tout seul !
Non mais tu sais que c’est genre … un rêve que j’ai dans un coin de ma tête depuis longtemps ça ?!… De faire un magazine féminin qui change de ceux qu’on voit avec des pubs, des sponsors, des pubs, des articles écrit sur le pouce sans aucune identité, des pubs et aucun fond …
Faudrait que je me renseigne pour ce genre de truc parce que vraiment, ça brancherait à mort !!!